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Damien Gabriels (1959-)
Ha
ïkus au fil des jours

site "Haikus au fil des jours" : http://haikus-au-fil-des-jours.wifeo.com/
blog "Carnets d'un haijin" : http://carnets-haijin.blogspot.com/
e-mail: damien.gabriels@orange.fr


ciel d'été—
un nuage solitaire
cherche son chemin

dix cents dans sa casquette
la calvitie bronzée
de l'accordéoniste

nuit orageuse—
le bourdonnement
d'une moissonneuse

pluie d'orage—
un parapluie slalome
entre les parasols

soleil couchant—
un vol de moucherons dorés
glisse sur la haie

pluie d’automne –
les tournesols aussi
courbent la tête

lundi matin -
le crissement de la lame
sur deux jours de barbe

silence blanc –
le vol d’une oie sauvage
au ras du canal gelé

matin d’école –
les plis de l’oreiller
sur sa joue

un rouge gorge
sautille de branche en branche –
tout le pommier frémit

l’ombre d’une fleur
tatouage éphémère
sur son épaule nue

bac à vaisselle -
une Afrique dérive
au-dessus des plats

paillettes dorées
aux joints du carrelage -
veille de Noël

une alarme
au loin dans la nuit -
ses pieds glacés

seul ce matin -
l'arête coupante
de mon bol ébréché

soleil pâle -
le premier papillon
de septembre

minuit -
avant le 12ème coup
... la chasse d'eau

grondement d'un avion -
cherchant parmi les étoiles
celle qui clignote ...

après l'orage
une flaque de ciel bleu
au creux du banc de pierre

corbeille de fruits -
le point du jour
sur chaque cerise

trêve de Noël -
une petite araignée
traverse la cuisine

averse de neige -
le cognassier
piaille

bruits de grattoir
sur une pare-brise -
la chaleur du lit

vitrine du libraire -
les couvertures décolorées
des romans de l'été

maison abandonnée -
une glycine franchit
le mur du jardin

marée montante -
un autre pas recouvert
par une autre vague

averse de neige -
les mannequins de la vitrine
en robes d'été

porte vitrée -
une marelle de lune
dans l'entrée

ticket de métro -
juste assez de place
pour un haïku

nuit de pleine lune -
un moustique sur l'écran
de l'ordinateur

clapotis de l'eau -
la radio d'un pêcheur
en sourdine

nuit de dégel -
le bonhomme de neige
est parti sans sa pipe

Papillons de nuit -
Des fleurs du chèvrefeuille
fanées sur le sol

volets mi-clos
un rayon de lune se faufile
et m’éveille

nuit de pluie et de vent
ce matin, feuilles et branches
jonchent le chemin

lumière d’automne –
ombres étirées
même à midi

matin d’hiver
maison endormie
odeur du café

bruine d’automne –
perles d’eau sur les feuilles
courbées des iris

jardin en hiver –
sous la haie de lauriers
une balle oubliée

rue de printemps –
parapluies multicolores
éclos sous l’averse

le soleil couchant
traverse la maison –
rayon de poussieres d’or

douceur d’avril
la rue, plus court vetue,
montre ses jambes

le trottoir n’est plus
que pétales de cerisiers –
les fouler, quel dommage !

au fond du bol
mon visage sur le miroir
du café noir

ruelle ensoleillée
une femme en jupe courte
à contre jour

à l’heure de la sieste
le banc de pierre paraît
beaucoup moins dur …

astiquées par le mistral
la lune et les étoiles
redorées a neuf

les enfants grandis,
seul le vent joue encore
à la balançoire

l’automne s’avance –
l’ombre de la haie s’approche
de la maison

fraîcheur des draps –
à l’heure du coucher
un frisson sur sa peau

pointillés
sur la terrasse enneigée –
le chemin du chat

radio réveil –
arraché au sommeil
par le fracas du monde

au bout de la grêve
les pales des éoliennes
brassent le bleu du ciel

le reflet de la lune
dans ma tasse de tisane
je l’ai bu aussi !

brise de juin –
flux bleu, reflux vert
des champs de lin

dans le vide laissé
par le silence des cigales
la première étoile

volets entrebâillés –
dans le feuillage des chênes
des instants d’azur

une étoile filante !
encore pris au dépourvu
pour choisir un vou …

a même le sol
un sans abri couché –
le flot des passants

fin de réunion –
gobelets de café vides
sur les tables

ciel d’encre –
la courbe parfaite
d’un arc-en-ciel

crépuscule d’automne –
les rails luisants du tramway
dans la rue déserte

vent du nord –
la fumée soufflée net
au ras des cheminées

hospice
une fenêtre éclairée –
nuit de Noël

soleil couchant –
les tours de verre
s’allument